l’Astro Gazette de la FDAF

Bulletin mensuel de la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones)

N°214 ~ Août 2022

Billet d’Humeur

Ariane
VALLET

Que peut-on attendre de l’Astrologie aujourd’hui ?

Si l’astrologie occidentale - véritable patrimoine de l’humanité - est une vieille dame âgée de plus de cinq mille ans, elle a non seulement le mérite d’être parvenue jusqu’à nous mais encore celui de nous relier aux strates du passé que nous avons souvent tendance à méconnaître, voire à oublier. Issue des interrogations de l’homme face à son milieu, projetées sur les étoiles et autres corps célestes, l’astrologie l’a incité à réfléchir à sa place dans l’univers. Lien entre la terre et le ciel, aujourd’hui encore, elle nous aide à comprendre que notre petit nombril est, lui aussi, jumelé au cosmos.

Son message, particulièrement bienvenu aujourd’hui, nous rappelle que nous faisons intimement partie de la nature, cette nature que nous avons cru pouvoir dompter et dominer. A ce titre, l’Astrologie nous rappelle le lien indéfectible que nous entretenons avec la Grande Mère des origines qui nous porte et nous supporte, dont les dénominations varient en chaque coin du monde depuis les Grandes Déesses de l’antiquité. C’est bien ce rapport au féminin archétypique, à l’inconscient collectif le plus archaïque, qui est ici décliné et qui semble, de nos jours, animer les nombreux courants écologiques qui polarisent l’humanité. Alors qu’attendre de l’Astrologie aujourd’hui ?

L’Astrologie répond à la loi d’analogie : le thème natal reflète le microcosme –le sujet – en lien avec le macrocosme –l’univers. Le ciel étoilé au-dessus de nous – plus ou moins visible selon les pollutions qui nous en voilent le spectacle – s’intériorise en chaque individu. En fonction des conditions de son existence : lieu de naissance, époque, pays, culture, lignée familiale, etc… les manifestations célestes s’y inscrivent. Les dieux mythologiques qui ont donné leurs noms aux planètes nous tendent, à travers le thème natal, un fil d’Ariane pour déchiffrer leurs messages. Le psychiatre suisse C.G. Jung avait déjà écrit au début du XXème siècle que « les dieux sont les expressions symboliques du drame interne de l’homme ». Le caractère efficient de l’astrologie, reconnu par ceux qui l’ont expérimentée, se révèle un merveilleux outil de connaissance de soi et, par conséquent, des autres. Partir à sa découverte est toujours un émerveillement qui provoque des prises de conscience. Véritable chemin initiatique, l’apprentissage de l’Astrologie génère des questions parce qu’il nous place face à nos contradictions, ce qui conduit souvent à une meilleure acceptation de soi et modifie notre vision des choses et des êtres. Paradoxalement, en nous retournant vers l’intérieur, il nous conduit vers une compréhension plus large puisque moins unilatérale de nos comportements et des relations que nous entretenons.

Comment est-ce possible ? Pourquoi les planètes nous mènent-elles sur de si passionnantes pistes ? Parce que, comme l’indique la fameuse maxime hermétique « ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ». Nous sommes tous « poussières d’étoiles » selon la jolie formule de l’astrophysicien Hubert Reeves. Nous appartenons

à un même ensemble, le système solaire. Il n’est donc pas étonnant que nous nous référions à lui pour nous orienter, nous tourner vers l’orient, là où se lève le Soleil. Car malgré toutes les limites inhérentes à l’existence terrestre, le libre-arbitre, la conscience dont nous sommes dotés, diffuse cette petite lueur qui guide l’Hermite dans la lame VIII du Tarot à la recherche de son chemin. Quel que soit le courant avec lequel on se sente le plus en affinité - astrologie traditionnelle, humaniste, psychologique ou karmique – ce qui compte c’est l’utilisation d’un langage qui permette de proposer une cohérence à l’expérience humaine et à la polysémie des symboles d’opérer.

Si l’art d’Uranie était autrefois réservé au Roi, au détenteur du pouvoir, sacralisé et décrypté par les grands prêtres, seuls initiés, l’astrologue contemporain s’en fait maintenant l’interprète pour des individus singuliers, dans le but, à mon sens, de les aider à se rapprocher de leur centre – le soi – et de ne pas abandonner les commandes à tel ou tel complexe autonome – les différents visages du moi - qui tenterait de phagocyter l’ensemble de la psyché. Le consultant vient la plupart du temps lorsqu’il est aux prises avec des difficultés. L’occasion est alors offerte de lui tendre les clefs que les symboles astrologiques nous offrent pour retrouver le chemin d’une certaine unité. Leurs rapports respectifs évoquent des tendances tempéramentales, des types de caractère, des situations familiales, voire transgénérationnelles qui viennent éclairer l’histoire de la personne concernée.

De plus, les planètes en mouvement continuent sans cesse leur révolution et « visitent » en permanence la carte du ciel du sujet. Toujours en vertu de la loi des correspondances, ces rencontres figurent des échéances qualitatives que l’astrologue a pour tâche de traduire, de transmettre tel un passeur. Sa pratique consiste à les verbaliser de manière à restituer cette « météo astrologique » afin que le consultant puisse se réapproprier une part de son libre-arbitre quant à ce qui lui pose question. Faire un peu de lumière sur le passé peut aider à se resituer dans son histoire tout entière, faire sens et mieux se projeter dans l’avenir. Une séparation douloureuse est parfois bienvenue pour sortir d'un scénario répétitif, un échec difficile à dépasser devient une expérience utile permettant d’affronter ce qu’on avait négligé pour changer d’attitude. Bref, chacun fait ce qu’il peut avec ce qu’il a mais c’est déjà un grand pas que de prendre du recul par rapport à une situation sur laquelle on était focalisé comme si elle était détachée du reste de la vie.

Dans ces conditions, annoncer du « mauvais temps » lors d’une consultation n’est pas jouer l’oiseau de mauvais augure (tout dépend bien sûr de la manière dont on l’énonce) mais plutôt l’occasion d’indiquer quand la tempête va se terminer, de donner des délais qui permettent au sujet de savoir qu’il y a un bout au tunnel. Enfin, puisque la consultation est un moment privilégié que le consultant s’accorde à lui-même, autant en profiter pour lui faire sentir qu’il a la liberté de n’être pas que le jouet du destin et peut aussi devenir l’auteur de sa vie.

Alors, l’Astrologie ne serait-elle, en définitive, qu’une auberge espagnole qui ne proposerait que ce qu’on lui apporte ? Non point ! Car si tout revient au consultant et à sa parole qui reste prioritaire, le fait d’entendre dans celle du praticien le langage des planètes crée un lien avec l’univers qui est loin d’être anodin. Cela fait écho au ciel intérieur que tout le monde porte en soi et qui n’attend que d’être éveillé par la puissance du symbole. Comme l’écrit Paul Ricoeur « le plus court chemin de soi à soi, c’est l’autre ».


Ariane Vallet

www.arianevallet.com